Un handicap ne définit pas une personne, et l’histoire de Pierre-Antoine Baele, vice-champion du monde de para-triathlon, en est une preuve éloquente. Sa prise de parole au forum Sport Unlimitech, dans le cadre exceptionnel du Vestiaire de Sport Unlimitech Lille, a permis de partager son parcours unique, marqué par la découverte du sport et l’acceptation de sa différence.

L’impact du sport et son pouvoir   

Pierre-Antoine Baele est né avec une agénésie du pied gauche, ce qui signifie une absence de développement de cette partie du corps. Dès son plus jeune âge, il a été appareillé, mais l’acceptation de sa différence ne s’est pas faite sans difficulté. Jusqu’à l’âge de six ans, il ne réalisait pas pleinement sa particularité physique, notamment dans le regard des autres, mais c’est le sport qui lui a permis de faire face à ce nouveau poids.

Dès son jeune âge, Pierre-Antoine a exploré différents sports, trouvant finalement un refuge bienvenu dans le judo. Ce cadre lui a offert une éducation émotionnelle, lui apprenant à gérer ses sentiments, frustrations et colères. Malgré les difficultés à l’école, le judo lui a offert un environnement bienveillant, un paradoxe qui a marqué son parcours. À l’adolescence, il s’est lancé dans le football, devenant même le capitaine de son équipe après des débuts difficiles.

« C’est au judo que j’ai trouvé une ambiance bienveillante qui m’a permis de grandir en acceptant ma différence. »

Découverte du handisport et de ses freins à la pratique

« Je n’ai découvert le handisport qu’à l’âge de 20ans, auparavant je faisais du sport avec une prothèse de ville qui limite beaucoup la mobilité. »

Une révélation tardive mais qui trouve sa source dans le coût de ce type d’équipements spécifiques. L’accès au matériel adapté constitue l’un des défis majeurs pour les athlètes handisports. Pierre-Antoine Baele souligne le coût élevé des lames de course, essentielles pour la pratique du para-triathlon. Une lame peut coûter jusqu’à 2500€, et les enfants en croissance doivent en changer plusieurs fois au cours de leur développement. L’association Lames de Joie, dont Pierre-Antoine est ambassadeur, accompagne d’ailleurs les enfants tout au long de leur croissance, soulignant l’importance du soutien financier pour permettre  aux jeunes de s’épanouir dans le sport.

« Lorsque j’ai porté une lame pour la première fois, le sentiment de légèreté était indescriptible, j’avais l’impression de voler et c’est un bonheur qui a changé ma vie. »

Un sentiment qui a renforcé la confiance en lui de notre champion, qui a pu commencer à assumer son handicap en commençant par exemple à porter des shorts. Une « exhibition » inimaginable auparavant pour lui.

Le haut-niveau et les catégories de handicap

La pratique du handisport commence donc par l’athlétisme, et la rencontre avec Dominique André, pousse Pierre-Antoine Baele à se tourner vers la pratique du haut-niveau. Si l’athlétisme n’est finalement pas sa vocation, c’est dans le triathlon qu’il finit par s’épanouir, grâce notamment à l’encadrement et aux nombreuses actions qu’entreprend la Fédération Français de Triathlon.

Malgré cet encadrement, Pierre-Antoine doit surmonter de nombreux défis comme lorsqu’il est confronté aux limites des catégories de handicap. Initialement classé dans la catégorie 5, ses concurrents présentaient des handicaps légers, essentiellement aux bras plutôt qu’aux jambes, créant une certaine injustice. Malgré des retours mitigés, des tests parfois incohérents, il a persisté dans sa quête et a finalement été reclassé dans la catégorie 4 en 2021, ce qui a marqué le début de ses succès internationaux avec un première médaille mondiale au Japon.

« Quand on m’a appelé pour m’annoncer ma sélection en équipe de France, j’ai fondu en larmes. C’était un moment d’émotion intense, une reconnaissance de tout le travail et des sacrifices. »

Savoir se faire accompagner par les bons interlocuteurs

Le soutien de son entreprise a été un élément crucial dans le parcours de Pierre-Antoine. En 2020, son entreprise lui accorde d’obtenir un emploi du temps aménagé, lui permettant de se consacrer davantage à son entraînement de haut niveau. Cependant, il souligne que la reconnaissance des athlètes handisports reste un défi, malgré les bénéfices tangibles qu’elle peut apporter aux entreprises qui les soutiennent.

« Je suis très bien entouré aujourd’hui, par mon entreprise, mais aussi un ami qui est psychologue et par la Métropole Européenne de Lille et la Fondation du Sport Français. Quand on est sportif handisport il faut se faire accompagner. »

Grégoire Michel, représentant de la Fondation du Sport Français, a rejoint Pierre-Antoine Baele pour mettre en lumière les efforts pour soutenir les sportifs de haut niveau à travers le dispositif de la Fondation « Pacte de performance« . Ce programme permet aux entreprises de contribuer au succès des athlètes handisports en fournissant des fonds sous forme de bourses. Cette initiative cruciale a déjà soutenu 400 sportifs.

Dans un monde où certains athlètes envisagent des prêts pour financer leur passion, ce dispositif offre une bouée de sauvetage financière, garantissant que le talent et la détermination ne soient pas entravés par des barrières économiques.

En conclusion, le témoignage inspirant de Pierre-Antoine Baele souligne la puissance du sport pour surmonter les obstacles, l’importance du soutien financier dans la pratique handisport, et la nécessité d’une reconnaissance accrue des athlètes handisports dans le monde professionnel. Sa détermination et ses réalisations exceptionnelles font de lui non seulement un champion dans le domaine du para-triathlon, mais également un modèle pour tous ceux qui font face à des défis similaires.

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