• « Les sportifs ne sont pas des hommes politiques« 
  • Un sport de plus en plus politisé
  • Une exposition grandissante
  • La liberté d’expression comme fondement de la démocratie

 

Le sport doit-il revêtir un aspect politique ? Cette question s’est posée la semaine dernière lorsque la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a déclaré à propos de la Coupe du Monde de Football au Qatar que « les joueurs de l’équipe de France de foot ne sont pas des hommes politiques, ils sont là pour jouer« .

 

En effet, pourquoi le sport devrait-il s’exposer ainsi sur des sujets aussi difficiles et hors de ses compétences ? Ce ne sont que des jeux, régis par des règles.
Pierre de Coubertin voulait que les Jeux olympiques soient « privés de toute ingérence politique« , et en effet, la règle 50.2 de la Charte Olympique stipule « qu’aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique« .

 

Pourtant le sport n’a pas attendu les scandales liés au Qatar pour sortir de son champs d’action. Nous n’allons pas ici nous épancher sur toutes les actions politiques entreprises à travers l’Histoire du sport car ces dernières années illustrent parfaitement la force et la place que tient le sport dans la société.
Le mouvement olympique est déjà en lui-même un mouvement politique. Il promeut la vision d’un monde meilleur par le sport, un idéal, celui de la « communauté olympique » pour un même socle de valeurs et de croyances. C’était déjà le cas lors des Jeux Antiques qui prévoyaient une trêve dans le monde Grec pour la durée des compétitions.

 

Colin Kaepernick, Megan Rapinoe, les genoux à terre pour George Floyd, la Russie exclue des compétitions internationales, ou la semaine dernière le Danemark via Hummel, récemment on ne compte plus les initiatives et décisions motivées par d’autres raisons que le terrain sportif.

 

Dans son ensemble le sport a depuis longtemps quitté le statut de simple activité physique, car il est justement à la croisée de tous les sujets de société. Nous parlons ici de politique, mais le sport touche aussi la santé, l’emploi, le divertissement, la culture, l’environnement, la technologie, l’économie, etc.

 

Les compétitions sportives, et en particulier les Jeux Olympiques, reflètent la réalité du monde et constituent un microcosme des relations internationales. Le sport s’est transformé au fil du temps pour devenir un reflet de la société et de ses structures. Cette activité qui couronne les meilleurs, est la seule capable de mobiliser en direct plusieurs centaines de millions de spectateurs et téléspectateurs à travers le monde et plusieurs fois par an. De telles audiences et de tels engouements en ont fait un produit idéal pour les promoteurs, les sponsors et les média. L’exposition qui en découle lui a, de fait, accordé ce caractère politique.

 

La semaine dernière nous apprenions que suite à la mort de l’Iranienne Mahsa Amini et des manifestations en cours en Iran, l’équipe de Football Iranienne avait dissimulé son maillot lors de l’hymne national pour apporter son soutien au peuple Iranien. Une autre illustration de l’extraordinaire écho que le sport peut donner aux prises de positions.

 

Qu’entendre alors par « les sportifs ne sont pas des hommes politiques » ? Que doit-on attendre d’eux ? Des médailles, des victoires, qu’il nous fasse vibrer, et c’est tout ?

 

Ils sont pourtant des citoyens comme les autres, la liberté d’expression est un fondement de nos démocraties, alors de quel droit les sportifs seraient-ils privés d’expression politique ?

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